Il existe de nombreux débats sur des notions qui ne font pas consensus au sein de la communauté géographique. Parmi ces débats, on trouve toujours un vieux serpent de mer : l’opposition entre les concepts de rural et d’urbain – pour autant qu’il s’agisse là de concepts. La ruralité en elle-même soulève de nombreuses discussions : Jacqueline Bonnamour ou Gilles Sautter, dès les années 1970, dissertaient déjà sur le « malaise » ou la « crise » des études rurales, questionnant ce qui reste du rural[1]. Ce questionnement s’inscrit ainsi dans une longue continuité. On s’interroge non seulement sur un objet d’analyse, mais aussi, à travers lui, sur la société contemporaine. La ruralité est en évolution profonde, à la mesure de l’évolution de l’urbain, mais peut être plus difficile à cerner que l’urbain ; en effet, les phénomènes peuvent être diffus, et très divergents.
La question posée ce soir : « Mais où est donc passé l’espace rural ? », vise donc à une mise au point, mais en procédant de manière quelque peu ludique. On s’empare donc, sur le mode de l’enquête policière, d’un « avis de disparition » du rural, en relation avec les théories devenues très médiatisées du « tout urbain ». Y aurait-il meurtre d’une idée ?