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La gentrification rurale, un regard critique sur les évolutions des campagnes françaises

Une fleur au service de l’entre-soi dans le Périgord

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« La capacité d’action des nouveaux arrivants les plus favorisés sur leur cadre de vie peut être illustrée à travers une mobilisation collective qui a eu lieu dans un hameau d’une commune proche de Sarlat, en Dordogne. À l’écart du bourg, un hameau est investi par des nouveaux habitants depuis une vingtaine d’années : progressivement, Britanniques, Américains, Français se sont installés, pour la plupart de manière permanente. Ingénieurs, architectes, anciens cadres d’entreprises reconvertis en gérants de gîte, ils ont acheté et rénové les maisons en pierre, converti d’anciennes granges en habitations, embelli les jardins, investi les espaces communs, réaménageant par exemple les chemins internes au hameau. Quelques ménages issus des classes populaires y demeurent encore. Unis par la proximité résidentielle, mais surtout culturelle et sociale, les nouveaux habitants sont aussi prêts à défendre le cadre de vie qu’ils ont choisi et progressivement façonné. Ainsi, quand la mairie a avancé un projet de lotissement en contrebas du hameau, qui bénéficie d’une vue panoramique sur la vallée, les habitants se sont mobilisés. Par des alliances locales (entre tous les habitants du hameau) et le recours à des acteurs extérieurs, comme la Direction départementale de l’équipement et une association environnementale, ils ont réussi à bloquer le projet grâce à… une fleur. Un biologiste sollicité par les habitants a en effet identifié une fleur protégée dans le terrain pressenti pour le lotissement. Cela a donc permis d’interdire toute construction. Ainsi, le capital social et culturel mobilisé montre comment ces nouveaux groupes sociaux disposent de leviers pour faire entendre leur voix et pour que leur cadre de vie corresponde à leur imaginaire rural. Dans le même temps, leur action a pour conséquence directe de bloquer la construction d’un lotissement destiné à des populations plus modestes, qui sont dans l’impossibilité d’accéder à un logement dans cette partie de la campagne sarladaise. »