L’espace rural, selon Roger Brunet, c’est « la partie de la ville où il y a le moins d’immeubles ». Cette manière de penser interdirait de parler du rural, ou de la campagne, sans parler des villes. C’est tout le paradoxe de ce chapitre.
La ville est partout. En France, comme dans la plupart des pays riches, où certains avancent que moins de 4 % de la population vit réellement en marge de l’espace urbain [Lévy, 2010] ; dans les pays émergents et les pays pauvres, où les migrations vers les villes représentent à la fois un espoir pour ceux qui partent et des problèmes supplémentaires de pollution et d’insalubrité pour ceux qui y sont déjà. Cette omniprésence de la ville n’est pas seulement liée aux évolutions démographiques. Elle se traduit aussi par un processus de métropolisation : concentration des pouvoirs dans les villes, mises en réseau, étalement urbain .
Pourtant, on assiste aussi à une croissance de la population rurale dans les pays riches ; on parle abusivement de désurbanisation. Autre paradoxe ? Plutôt une illusion d’optique, c’est la citadinité qui gagne sur le rural et qui traduit un désir de campagne.
En France comme ailleurs, pour définir les espaces urbains et ruraux, on s’appuie sur des catégories statistiques construites en fonction du nombre d’habitants. Ces catégories sont en permanence adaptées aux évolutions. Pour autant, comme le rappellent Pierre Pistre et Frédéric Richard [2018], malgré leur apparence de légitimité, elles sont discutables dans la mesure où elles disent l’importance de l’urbain et du rural, génèrent des représentation…